Bandeau noir sur les yeux, Patrick fait glisser sa canne au sol pour sentir les obstacles. « La perte de repères est totale, on se sent un peu seul », décrit cet employé de la STAS, qui comme une dizaine de ses collègues participait ce jeudi à une journée de formation accessibilité.

Si la STAS a déjà mené des actions de sensibilisation au handicap auprès de ses salariés, c’est la première fois qu’une campagne de cette nature, avec mises en situations réelles, est engagée. Depuis septembre, c’est-à-dire avant-même la publication du décret relatif à l’accessibilité des services interurbains de transport, 190 salariés ont déjà suivi cette journée de formation. À la fin de l’année, elle aura touché les 682 salariés de l’entreprise.

Des personnes handicapées comme formateurs

Projection d’un film sur le vécu des personnes à mobilité réduite dans les transports, quizz sur le handicap, historique des représentations sociales, temps d’échanges et surtout ateliers d’expérimentation des handicaps moteurs, visuels et auditifs, figurent au menu de cette journée particulière.

Conducteurs, administratifs, tous sont invités à se déplacer des salles aux bus, à monter et descendre des rames, avec fauteuils roulants, casques et boules Quiès, ou encore cannes et bandeaux noirs.

« Partager le handicap c’est aussi se former à la différence, ça parle de l’humain, ça nous réinterroge sur notre vulnérabilité. En fait, quand on lève les obstacles, ça sert à tous, aussi aux mamans avec poussettes, aux déménageurs, à toute personne en difficulté ou vieillissante », souligne Nathalie Casabo, consultante et fondatrice de Sarahca, association chargée d’animer cette campagne et dont tous les formateurs sont eux-mêmes des personnes à mobilité réduite.

Donner un coup d’accélérateur à l’accessibilité et au refus des exclusions est l’objectif de Saint-Étienne Métropole qui lance la 4e édition d’une Ville en Partage, et de la STAS qui parallèlement s’est engagée dans la mise aux normes progressive des quais et de ses véhicules (lire par ailleurs).

190 C’est le nombre de salariés de la STAS à avoir déjà suivi cette formation.

 

Photo : Casques et boules Quiès dans les oreilles, les salariés s’immergent dans la réalité du handicap auditif, avec l’aide de Daphné, formatrice de Sarahca.  Photo Dominique BERTHÉAS